Divine réalité
A l’occasion du défi auteur de ce week-end, LaManna vous propose ce sujet.
Femme à barbe, homme le plus petit au monde, homme éléphant, homme élastique, etc.
Objets de fascination, objets de foires sociales, objets de craintes
Objectif : « FREAK SHOW ».
On a tous vu et revu ces images qui témoignent d'une époque pas si lointaine. Une époque où la différence était l'oeuvre du divin par l'intermédiaire dune punition. Histoire d'horreur dans l'exploitation de ces pauvres êtres aux caractéristiques particulières, vous devez pour cet atelier nous faire vivre le quotidien d'un de ces personnages (vous pouvez en trouver d'autres que ceux mentionnés ci-haut!) qui habitent le folklore de ce type de carnaval ambulant de bohème.
Comment ont-ils été « recrutés »? Que font-ils lorsqu'ils ne sont pas en tournée ? Est-ce que leur fin est heureuse ou pas ? Usez de votre imagination florissante pour nous en faire vivre dans l'espace de quelques instants cet univers particulier !
Bonne chance !
L’affiche Défi Auteur a été créée par Bluewriter que nous remercions vivement.
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- Tu viens ? Dépêche-toi, tu vas rater le début !
Michaël se hâta de finir ce qu’il faisait. Il coupa toutes les communications en cours, et se déconnecta définitivement du réseau. Il restait encore beaucoup de demandes en souffrance, mais c’était toujours ainsi. Plus on en faisait, plus il y en avait.
Il prit place aux côtés de son ami Gabriel.
- Je suis à la fois impatient et triste, dit-il à ce dernier.
- Impatient, je comprends. Mais triste ?
- C’est aujourd’hui le jour du dénouement. Le grand levé de voile. Après, c’est fini.
- T’en fais pas. Il y aura toujours une genèse pour ce genre d’histoire. Une lumière qui sera.
La pub, un produit pour lustrer les plumes, s’acheva sur un slogan ringard et l’émission commença. Le présentateur, un être à la tête de chérubin, entama le résumé des épisodes précédents.
« La tension dans laquelle nous avions laissé les créatures la semaine dernière était à son paroxysme. Les crises se cumulaient : pénurie d’eau et de nourriture, attentats meurtriers aux quatre coins de leur monde, les grandes puissances ressortant leur arsenal nucléaire pour se menacer. Une situation pour le moins explosive. Mais aujourd’hui est une grande première dans l’histoire éthérée de notre télévision. La production a décidé de récompenser la fidélité de ses auditeurs. Devant le risque de voir disparaître définitivement nos animaux de compagnie favoris, nous avons décidé de vous laisser le choix.
Quel choix me direz-vous ? C’est bien simple : le choix de ceux qui seront sauvés. Pour cela rien de plus simple. Munissez-vous de votre téléphone portable et envoyez au 666 votre choix : 1 pour les pieux, 2 pour les pauvres, 3 pour les riches, 4 pour le clergé, et 5 si vous estimez qu’aucun d’entre eux ne mérite le salut (2,5 âmes par SMS*)
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Et n’oubliez pas ! Grâce à notre sponsor Auréodor, votre auréole retrouve le brillant des premiers jours ! »
Michaël et Gabriel se regardèrent un moment en silence.
- Alors, finit par dire Gabriel, tu vas voter pour qui ?
- Les pauvres je crois. Ils ont dégusté depuis le début. Je pense qu’ils ont mérité un nouveau départ. Et toi ?
- Les riches. S’il y a une nouvelle saison, je veux voir du spectacle. Et puis ça fera autant d’âmes que Lucifer n’aura pas.
Cinq minutes plus tard, la pub s’achevait sur un produit pour chasser les serpents du jardin d’Eden. Le présentateur enchaîna aussitôt.
« Vos votes se sont exprimés. Cessons le suspens : les riches ont gagné leur salut. La production, quant à elle, exerce sont droit de pourvoyeur d’âmes et sauve le clergé. Anges et archanges accrochez-vous ! Vous allez maintenant assister à la fin de la Terre ! »
Un traveling montra le ciel nocturne de la planète. Un ciel duquel les étoiles s’éteignaient une à une tandis qu’au loin retentissaient les longues plaintes des trompettes de Jéricho.
Saint-Pierre somnolait sur son fauteuil de gardien. Avec cette émission de téléréalité, il travaillait au ralentit. Mais il se refusait catégoriquement à regarder une telle ineptie. Il sursauta quand le carillon de la porte du Paradis retentit. Il s’ébroua et alla ouvrir. Un peu de boulot ne pourrait lui faire que le plus grand bien.
Quand il vit la file gigantesque qui s’étendait à perde de vue, il s’écria :
- Mais vous êtes qui vous ?
Une pauvre et frêle voix lui répondit, pleine de sanglots :
- Nous sommes les perdants de votre émission.
Malgré lui, Saint-Pierre sentit un sourire étirer sa bouche. Il mit la main sur l’épaule du pauvre erre qui venait de lui répondre.
- Non, mon ami. Pas les perdants… les gagnants ! Allez venez, je vais vous faire visiter votre dernière demeure.